Archipéliques

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Archipéliques

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Conversations au bord du chemin

C’est un archipel en langues couleurs, de nuages et d’eau rivières, il a levé cet avenir nouveau face à l’aveugle quotidien. Tiens, je n’avais pas vu que les ciels devenaient verts, que les ardoises s’étaient striées d’automne, que leurs habits douceurs s’étaient dissous, frémissants pastels de roches, en leurs oxymores pinceaux. Je ne savais pas que les îles pigments se chevauchaient, en leurs habits de bulles. Je ne sais vous dire. Peu importe. Tous et toutes, si pétillants, tempêtes bouillonnantes, complexités diaphanes. Vous avez déposé sur les paupières rivières, vos fraîcheurs inconnues. Elles étaient conversations des berges de l’âme.

Copyright. Texte: Ly-Thanh-HUE. Peinture: Bona Mangangu, Archipéliques, huile sur papier. 200×200 cm. 2016.

 

OSTINATO III

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Dialogue III

La vague : c’est le matin ou était-ce le soir ?

L’étoile : nageant dans leurs frissons d’eau

La vague : des lumières venues d’un monde liquide

L’étoile : fenêtres d’un matin réverbéré

La vague : dans leur fraîcheur sous-marine, elles ont vibré

L’étoile : surprises éclats essaimées

La vague : dans ce blanc poudré d’écume

L’étoile : si poudré qu’il ne savait plus sa nature

La vague : d’eau ou d’air, grains d’albâtre, céruse ou ivoire

L’étoile : dans ses accents durs

La vague : il a éclairé des reflets vulcains… que je ne lui connaissais pas

 

L’étoile : piquetis lait, lin, lune, je ne vois plus que cela

La vague : et moi qui n’entends plus que son pouls lent, obstiné et sonore

 

L’étoile : où chaque seconde entre en éternité

Ostinato, avaient-ils dit…

Ly Thanh-HUE. Texte. Bona Mangangu: Photographie. Courtesy of Kenwood G/ Ireland. 2016.        RAMEAUX !!!

OSTINATO II

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Dialogue II

L’étoile : ne vois-tu rien venir ?

La vague : seulement des fleurs aux corolles mouvantes

L’étoile : instables ciselures nacrées ?

La vague : incertitudes frémissantes…

L’étoile : … éclairs sur ciel d’étain

La vague : « le temps, cet enfant qui joue aux dés »…

L’étoile :…avait-il dit

La vague : oui, avait-il dit

L’étoile : tu n’es qu’éphémère bulle

La vague : boursoufflée de brume

L’étoile : et tout le reste n’est qu’anecdotes…

La vague : le savais-tu?

L’étoile : oui, le savais-tu ?

Ly Thanh HUE: Texte. Bona Manangu: Photo. Ostinato. Courtesy of Kenwood G/ Ireland. 2016

OSTINATO

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-La vague : je n’ai entendu que les remous…

-L’étoile : je n’ai vu que le ciel en son habit de nuit…

-La vague : ils bouillonnaient d’un tourment insoupçonné,

-L’étoile :piqueté de lueurs lointaines

-La vague : vrombissement sourd, insistant, trépidant,

-L’étoile : en leur valse bleue, outremer, outreterre

-La vague : sur mon tympan de conques de la mer

-L’étoile : miroir de songes cyanes

-La vague : ils ont effilé des sons inconnus.

-L’étoile : et des lueurs agrippées à la montagne

La vague : entends-tu les hauts-bois de la nuit ?

L’étoile : c’est une palette saphyr, lavande, azurine, mais la vois-tu ?

 

Peigne de lumière, il a étiré ses doigts sur la ferrite des songes.

Texte: Ly-Thanh-HUE. Photo: Bona Mangangu. Ostinato. © Courtesy of Kenwood G. Ireland 2016

Brume sur canal

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C’est un chemin parsemé d’étoiles. Les érables ont plu leur espérance à même la terre. Qui sait ce que sont les érables, encore moins les étoiles ? Car lorsque s’éteint la lumière le long du canal, lorsque tombe l’étonnement sur le monde des choses, peut-être alors… suspends ton pas, écoute l’eau en ses gouttes de brume.

C’est une voix de fin silence qui vient enrober le dire de la nuit.

Texte: Ly-Thanh HUE. Photo: Bona Mangangu